Thomas Fayon, co-fondateur et CEO de Parametriks, présente à Finmag sa plateforme SaaS innovante qui révolutionne le secteur de l’assurance en misant sur l’IA prédictive. Avec une approche unique, l’entreprise propose des solutions capables d’anticiper et de prévenir les risques, offrant ainsi une alternative plus efficace aux modèles traditionnels.
Parametriks est une plateforme SaaS offrant plusieurs fonctionnalités. Elle peut être déployée de deux manières :
La plateforme collecte, nettoie et organise les données, puis applique des algorithmes prédictifs. Cela lui permet d’anticiper divers types de risques habituellement couverts par les polices d’assurance classiques : vols, vandalisme, dégâts des eaux, incendies, problèmes structurels…
Ce que nous proposons est unique. Pour le moment, nous sommes les seuls à travailler spécifiquement sur l’assurance prédictive purement basée sur l’IA. Nous nous appelons Parametriks, mais nous ne faisons pas d’assurance paramétrique à proprement parler. Alors que l’assurance paramétrique vise à accélérer le remboursement des sinistres liés (uniquement) aux catastrophes naturelles, notre objectif est de prévenir et d’éviter tous types de sinistres.
Une fois qu’un risque est prédit et géré, les sinistres sont évités.
Pour les compagnies d’assurances qui utilisent ou distribuent Parametriks, les avantages sont multiples.
SafeGuard : Un outil de prédiction des risques.
ClaimSense : Une brique d’intelligence artificielle générative (Gen AI). Elle est entraînée sur les données des compagnies d’assurance, et permet d’obtenir des réponses instantanées à des questions complexes, des comparaisons immédiates, et permet d’accélérer les prises de décisions.
RapidRate : Un outil pour optimiser la tarification. Ce produit vise à faciliter le quotidien des actuaires au sein des compagnies. Grâce à l’accès à l’historique des données, aux données en temps réel et aux prédictions chez les clients et les compagnies, RapidRate permet d’établir des prix de manière extrêmement précise et rapide.
Avant de fonder Parametriks, j’avais déjà créé une autre entreprise dans le domaine de l’assurance. La première, Shift Technology, développait une solution pour détecter les fraudes en assurance. À l’époque, nous n’étions que deux. Aujourd’hui, Shift est devenue une entreprise majeure avec 1 000 employés, et sa valorisation atteint plusieurs milliards.
Ce n’est donc pas ma première aventure entrepreneuriale dans ce secteur. Issu d’une famille active depuis longtemps dans l’assurance, j’ai grandi en observant les incohérences et les dysfonctionnements de cette industrie. C’est ce qui m’a motivé, il y a deux ans, à relever ce défi et à contribuer à sa transformation.
Avec Françoise Carli, aujourd’hui chairwoman de Parametriks, nous avons constaté que le secteur de l’assurance n’avait jamais évolué depuis sa création. C’est une industrie très rentable, qui repose sur des statistiques pour fixer le prix des primes. Ces statistiques sont souvent malheureusement peu fiables, pour deux raisons principales : la fraude omniprésente dans le secteur, et la gestion inefficace des sinistres. Les clients ne savent pas toujours comment remplir correctement leurs déclarations, et les compagnies d’assurance peinent à traiter ces informations de manière optimale. Aujourd’hui, il n’est pas rare de voir sa prime d’assurance augmenter de 10 à 15 % par an, sans explication claire. Cette augmentation exponentielle et souvent injustifiée était, pour Françoise Carli et moi-même, inacceptable. C’est de cette réflexion qu’est née l’idée de Parametriks.
Notre ambition est de transformer en profondeur le paradigme assurantiel en intégrant des données réelles et fiables dans les calculs et les processus des compagnies d’assurance. Nous souhaitons instaurer un système plus transparent et vertueux, capable de restaurer la confiance entre les assureurs et leurs clients, tout en rendant le modèle plus équitable et durable.
La majorité de nos développements se concentre sur les États-Unis et l’Asie, notamment l’Inde et Singapour. Nous avons d’ailleurs ouvert un bureau à Singapour il y a quelques semaines. Ce choix n’est pas lié à un désintérêt pour le marché français, mais plutôt à sa lenteur. Il nous est très difficile de travailler ici.
Les États-Unis, l’Inde et la Chine ont bâti leur dynamique de croissance sur l’innovation et l’adoption rapide de nouvelles technologies. En revanche, en France, une certaine conviction de supériorité persiste, alimentant une réticence au changement. Cette mentalité se manifeste dans les échanges avec les entreprises françaises, souvent marquées par une prudence excessive lorsqu’il s’agit de prendre des décisions ou d’adopter des innovations. Cette hésitation découle fréquemment de craintes liées à la sécurité de leur emploi ou à la nécessité d’adapter leurs méthodes de travail.
À l’opposé, les entreprises indiennes, américaines et chinoises font preuve d’une bien plus grande ouverture. Lorsqu’on leur démontre que notre technologie peut générer des revenus, réduire les coûts ou optimiser le temps, elles n’hésitent pas à expérimenter et intégrer rapidement le produit dans leurs processus. Ce pragmatisme et cette capacité à embrasser l’innovation sont des atouts déterminants qui expliquent en partie leur avance sur les marchés globaux.
Certaines compagnies d’assurance commencent à manifester un intérêt croissant pour notre solution. Dès l’origine, nous avons conçu notre plateforme de manière à ce qu’elle offre une flexibilité suffisante pour élargir son champ d’application. Si, à ce jour, nous concentrons nos efforts sur le secteur de l’assurance P&C, notre vision à long terme nous permet d’envisager une expansion vers d’autres segments, tels que l’assurance santé, l’assurance des flottes automobiles ou encore les assurances liées aux retards de vols. Cela reste conditionné à notre capacité à collecter des données pertinentes sur ces domaines. Par exemple, en accédant aux données issues d’un téléphone mobile ou d’une montre connectée, nous serions en mesure de proposer une police d’assurance prédictive et personnalisée, adaptée aux habitudes de l’utilisateur, et probablement bien plus compétitive que les offres actuelles. De même, en connectant notre plateforme aux données des véhicules, nous pourrions concevoir des produits d’assurance prédictive, à la fois mieux ajustés et moins coûteux. Cela étant, il est important de souligner que nous n’avons pas vocation à devenir une compagnie d’assurance.
Notre positionnement stratégique est limpide : nous nous définissons comme un tech provider dédié à l’industrie de l’assurance. Toutefois, il apparaît de plus en plus évident que notre rôle nous place involontairement dans une position hybride, presque celle d’un courtier. En effet, nous agissons comme un point central entre les clients finaux et les compagnies d’assurance partenaires, ce qui n’est pas sans créer certaines tensions avec les courtiers traditionnels. Notre plateforme constitue ainsi un levier de négociation unique, capable de faciliter les renégociations de polices d’assurance au profit des clients, tout en valorisant nos collaborations avec les assureurs.
Deux perspectives majeures se dessinent alors pour notre entreprise : renforcer notre rôle de fournisseur technologique ou embrasser pleinement des fonctions de courtage, tout en réaffirmant notre engagement à transformer – profondément – le secteur de l’assurance grâce à l’innovation…
Si vous voulez avoir plus d’informations sur Parametriks, leur site est accessible https://www.parametriks.io/ et vous pouvez les suivre sur https://www.linkedin.com/company/parametriks-insurance
Marie-Ange Nodar est rédactrice de contenu pour FinMag, et est l’auteure de plus de 250 publications dans le domaine de la finance et des assurances en France. Au travers de ses interviews exclusives, elle transmet des conseils pratiques pour les professionnels et les particuliers souhaitant mieux comprendre et gérer leurs finances. Marie-Ange est titulaire d’un diplôme spécialisé en commerce international, et a vécu 8 années en Allemagne, avant de revenir s’installer en France.